Le point de vue d'un voyageur sur la Nuit de Cristal | Facing History & Ourselves
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Le point de vue d'un voyageur sur la Nuit de Cristal

Considérez le récit d’un commerçant suisse sur la façon dont ses collègues allemands ont réagi aux événements de la Nuit de Cristal.
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  • Histoire de la Shoah

René Juvet, un représentant de commerce suisse, rendait visite à des amis à la campagne lors des événements de la Nuit de Cristal. Le lendemain matin, il se rend en voiture dans la ville de Bayreuth, où il voit des gens observer les maisons incendiées. Un moment donné, il sort de sa voiture pour regarder de plus près une foule rassemblée, devant un entrepôt où des dizaines de Juifs sont détenus.

J’étais réticent à me joindre à la foule rassemblée, mais je devais voir de mes propres yeux ce qui s’y passait. À travers les grandes fenêtres, on pouvait voir peut-être cinquante personnes dans une salle sombre et vide. La plupart d’entre elles se tenaient contre le mur, fixant quelque chose d’un air lugubre, quelques-uns marchaient nerveusement sans s’arrêter, d’autres étaient assis (malgré le froid intense) à même le sol. Accessoirement, presque tous n’étaient pas habillés de manière adéquate, certains avaient seulement jeté un pardessus sur leurs vêtements de nuit. Les SA qui les avaient ramassés pendant la nuit ne leur avaient apparemment pas laissé le temps de mettre plus de vêtements. Comparé à ce qui s’est passé plus tard, ce n’était qu’un début.  

À la fin de sa description de la Nuit de Cristal, Juvet écrit : 

Je dois accorder à mes [collègues allemands non juifs] qu’à l’exception de Neder qui a participé à l’opération en tant que cadre de la SA, tous ont désapprouvé ces excès. Certains plus ou moins que d’autres. Waldmeyer n’a rien dit, mais il est resté très pensif les jours qui ont suivi. Hoffmann, qui pouvait presque se considérer comme un des « vieux de la vieille », ne tenta pas de me cacher son horreur. J’ai aussi entendu dire que des travailleurs étaient scandalisés… 

Peu de temps après, j’ai rencontré notre représentant à Nuremberg, une personne inoffensive et besogneuse. Il était membre de la SA, mais fut retenu en dehors de chez lui par hasard ce soir-là… 

« Je suis heureux de ne pas avoir été à Nuremberg ce soir-là, cela m’aurait sûrement hérissé le poil », a déclaré notre représentant. 

Je lui ai demandé s’il aurait participé s’il avait été là. « Bien sûr », m'a-t-il répondu, « les ordres sont les ordres. » 

Ses paroles ont clarifié beaucoup de choses pour moi.
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Connexions

  1. Quels mots et expressions René Juvet et ses connaissances utilisent-ils pour décrire la Nuit de Cristal ? Quelles attitudes leur façon de parler transmet-elle ? 
  2. Un membre de la SA dit à Juvet que même s’il n’aimait pas la violence de la Nuit de Cristal, il aurait participé s’il avait été appelé à le faire, car « les ordres sont les ordres ». Que pensez-vous que Juvet veut dire quand il écrit : « Ses paroles ont clarifié beaucoup de choses pour moi » ? Qu'est ce que les paroles de l’homme de la SA clarifient pour Juvet ? Que vous suggèrent les paroles de l’homme de la SA ? Comment pourraient-elles nous aider à comprendre pourquoi certaines personnes ont décidé d’y participer ? 
  3. Pourquoi des gens pouvaient-ils participer aux actions violentes sans soutenir pleinement ses objectifs ?
  • 1René Juvet, « Kristallnacht », in « Travels in the Reich, 1933-1945 : Foreign Authors Report from Germany, éd. Oliver Lubrich (Chicago : University of Chicago Press, 2010), 176–78.

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